C’était la fleur préférée du créateur du Jardin d’Eden : l’ylang ylang (Cananga odorata). Deux exemplaires ouvrent le chemin sur la « fontaine des amoureux ». Mais vous êtes passés devant sans les voir : nous avons appris à nos dépends qu’un ylang-ylang devait être sévèrement étêté chaque année si on voulait humer et admirer ses fleurs autrement qu’à la jumelle. Seules les fleurs mûres, jaunes, sentent.
C’est Pierre Poivre qui introduisit « l’arbre à parfum » dans les îles des Mascareignes. Ce botaniste, intendant du Roi, fit affréter en mai 1769 la corvette « le Vigilant », et réussit, en dépit de la surveillance jalouse des Hollandais, à ramener d’Asie du Sud-Est quelques plants d’ylang-ylang. Par la suite une véritable fièvre d’ylang-ylang atteignit l’île Bourbon, qui, de 1885 à 1910, réussit à se hisser aux premiers rangs des producteurs mondiaux, juste derrière la Malaisie. Cette culture fut par la suite progressivement abandonnée, sous la concurrence de la main d’œuvre peu chère des Comores et de Nosy Bé. Comme pour le vétiver ou le géranium rosat, l’essence d’ylang-ylang s’obtient par distillation à la vapeur d’eau. Avec un hectare d’ylang-ylang, on obtient environ 1500 kilos de fleurs par an, soit environ 30 kilos d’essence.