Le Jardin d’Eden est un havre de paix pour les animaux. Parmi le plus emblématique : le l’endormi ou caméléon local.
Il existe environ 200 espèces de caméléons dans le monde. Furcifer pardalis, notre caméléon local, est originaire de Madagascar. Il a été introduit dans l’Ile à la fin du XVIIIème siècle, et depuis s’est installé sur la bordure littorale jusqu’à 800 mètres (et au Jardin d’Eden bien sûr). A la Réunion, ils sont appelés « endormis » : si vous parvenez à en trouver vous verrez que, même effrayés, ils disputent la palme de la lenteur à la tortue. Vous ne pourrez pas les confondre avec les lézards vifs comme l’éclair !
C’est le plus souvent dans les bambous ou dans le jardin créole que vous les verrez. Par contre, ne vous faites pas voir et renoncez à les flasher pour ne pas les rendre aveugle. Sans la vue, plus de chasse possible pour notre mascotte qui se nourrit d’insectes et de fait, une mort assurée.
Le dimorphisme sexuel est très prononcé chez cette espèce. Les mâles sont d’un beau vert-bleuté avec quelques taches rouges et jaunes et une bande longitudinale blanchâtre sur le dos quand les femelles sont banalement ocre-orangé. Les l’endormis possèdent deux séries d’orteils soudés entre eux, formant ainsi une belle pince pour mieux saisir les branches, qu’ils peuvent également attraper avec leur queue préhensile. Ils avancent toujours avec prudence et sont les as du camouflage. Ils peuvent s’amincir ou se gonfler, s’immobiliser complètement, faire varier leurs couleurs du très pâle au très foncé. Leurs yeux protubérants peuvent bouger indépendamment les uns des autres dans toutes les directions. Lorsque leurs yeux convergent, ils obtiennent la précision binoculaire nécessaire pour évaluer parfaitement la distance les séparant d’une proie. Ils peuvent alors détendre subitement leur langue, aussi longue que leur corps, et chargée de mucus visqueux dont ils engluent leurs victimes, essentiellement des insectes et des araignées.
De novembre à mars, les endormis sont amoureux. S’en suit la ponte des œufs (une vingtaine, petits et blancs) par la femelle, très agressive et presque noire. Elle enterre ses œufs au sol. Si ceux-ci ne sont pas dévorés par les fourmis rouges, ils donneront des bébés de 4 cm au bout de 7 à 10 mois. Plus vifs que les adultes, et d’un gris marron les rendant invisibles, ils se débrouillent tout seuls ! L’endormi vit entre 2 et 4 ans, c’est un bon indicateur de biodiversité et d’équilibre dans les écosystèmes, malheureusement, il est trop souvent la victime malheureuse des campagnes de démoustication et des chats.